Les personnages
que je peins connaissent le sens caché des choses qui les entourent,
ils vivent dans le quotidien mais ils existent dans l'absolu, ils
sont les rois d'un "âge d'or". Ils vivent dans un confort
lourd, douillet, entre théâtre et salon. L'espace n'a plus de profondeur,
les motifs, comme des hiéroglyphes, ont avalé les personnages.Tout
se présente sur un même plan ; les décors valorisent un théâtre pétrifié
pour acteurs somnambules.
Ma peinture est une mosaïque de formes. Caprice de la décoration,
abondance de l'ornement, gratuité du langage pictural qui mime la
gratuité de l'existence.
Je me sens en
décalage de cette masse d'oeuvres abstraites qu'on exalte, qu'on commente.
Je ne peux jamais m'identifier à l'abstraction. Mes moyens de création,
je les apprends seule ou en regardant les chefs d'oeuvres de l'art
byzantin, Giotto, Klimt, Bonnard, Hopper, ainsi que les maîtres de
l'art japonais. C'est d'un art antérieur et connu comme un savoir
ancestral que naissent mes peintures. J'y mets une provocation "antimoderne",
par des références à l'art viennois et aux peintres symbolistes, en
fait, une traduction passée de mode. Pour moi, tout commence avec
le dessin et tout peut recommencer avec lui.
C'est la lumière
que je "traque". Ce qui est "magique", c'est que
le tableau se fait à partir d'une matière que je cherche sans cesse
à rendre plus fluide, plus coopérante pour cerner au plus juste ma
vision intérieure, mon idée première. Je sais que le tableau doit
sortir de cette matière que je transforme. J'en sais toutes les richesses,
les virtualités, les difficultés. Cette collaboration lente et progressive
implique des échecs, des angoisses, des reprises, car la réalité physique
comporte toujours une part d'inconnu. Avec les couleurs, j'aborde
une part poétique et émouvante de la peinture.
Par goût de la construction et de l'épure, j'ai voulu le cerné des
masses colorées en quelques lignes sinueuses comme un hommage aux
xylographes japonais.
Je m'attache à recréer des instants qui m'ont séduite : les fulgurances
de la lumière dans un espace, sur un personnage, la luxuriance des
vêtements, la solitude, la mélancolie. L'émotion est une cause déterminante
de ma peinture.
Les personnages de cette toile occupent
tout l'espace pictural, s'inscrivant volontarement entre masses colorées
et lignes flottantes s'épanouissant en arabesques. Je tenais à créer
par leur réserve et leur curieuse indifférence une distance par rapport
au spectateur. La représentation réaliste des attitudes et des détails
apparaît comme une abstraction, du fait du traitement des étoffes
imprimées en aplat et du jeu des formes géométriques colorées qui
centre la toile et enserre les personnages sans notion d'espace ni
de profondeur. Cette négligence délibérée de la perspective et des
lointains resserre la composition, ramène l'ensemble des plans à la
surface du tableau, créant ainsi un point de tension sur le regard
baissé et le verre.
Le rapport des couleurs entre elles ajoute à l'absence de profondeur.
La frise de bordure canalise le regard et souligne l'enfermement de
sujet, l'intimisme de la scène.
750
€
750 €
450 €
450 €
600 €
450 €
600 €
450 €
600
€
750 €
600 €
600 €
600 €
600 €
900 €
750 €
300
€
300 €
380 €
300 €
380 €
300 €
300 €
380 €
|